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Son évasion

Il tente une première fois de s'évader avec un camarade de captivité. Mais les nerfs de son complice craquent au bout de quelques jours (la peur des chiens allemands, la peur d'être maltraité, fusillé). Léonce n'étant pas du genre à laisser un copain dans la m.. , les deux compères rebroussent chemin et retournent à la ferme.


Le 20 août 1941, il lève définitivement l'ancre, requinqué à base de lait, d’œufs et autres emprunts de circonstance, affublé de sa tenue de Kommando avec les lettres K.G. dans le dos cachées par une grosse musette de pommes, de pain grillé et de saccharine (du carburant, toujours du carburant pour l'ancien marcheur).
En bon chasseur qu'il était, il avait pris soin de "piquer" du chlore dans les "chiottes" de la ferme pour s'en enduire les chaussures afin de dépister les chiens des soldats allemands, car de chasseur, il devenait maintenant gibier.
Ses réflexes d'homme habitué aux grands espaces, comme les marais de son enfance, et à la nature sauvage vont lui être d'un grand secours. 

Car une très longue marche commence vers le Sud-Ouest, guidée chaque nuit par le Grand et le Petit Chariot.

Léonce marchait essentiellement la nuit pour éviter de se faire repérer, le jour il repérait les victuailles qu'il pouvait trouver sur son chemin. Sur son parcours, il a fait une sacrée cure de myrtilles, faute de mieux !

A Landau, sous les éclairs d'un violent orage nocturne, il aperçoit deux sentinelles allemandes qui n'ont pas le temps de tirer sur ce lièvre (gibier, je vous disais) qui détale entre les rangs de vigne.
Dans un bois, il se fait repérer par une chercheuse de champignons. Elle n'a pas eu le temps de ramasser le cèpe, la pauvre, car le "Picq des bois" l'envoie dormir sur les feuilles mortes d'un bon coup de poing et déguerpit. D'accord, ce n'était pas très galant, mais les circonstances ne s'y prêtaient guère.


Il rejoint Bitche où une bonne lorraine, Madeleine Jochoum, lui remet une tenue civile (il devient enfin anonyme) avec laquelle il franchit ensuite le col de Saverne. Il se cache dans le foin des granges, les bois.
Il atteint Besançon où un horloger juif lui propose de "se mettre les pieds sous la table" pour s'offrir enfin un vrai repas reconstituant.
Il passe la ligne de démarcation et rejoint Lons-le-Saunier où il refuse d'être "retapé" à l'Hôpital, par soucis de discrétion car Zone Libre ou pas il reste un fuyard.
Il reçoit à Lyon des papiers en règle pour poursuivre un peu plus sereinement sa route et, toujours à pied, atteint les Pyrénées, pensant passer en Espagne.


Mais la montagne est infranchissable, il rejoint Périgueux où il entre dans une entreprise de maçonnerie. Enfin, il peut retravailler la pierre avec les autres ouvriers de l'entreprise qui sont en réalité des résistants, plus préoccupés par les sabotages et les coups contre les "boches" que par leur boulot.

Voyant que la Gestapo locale qui veillait sur les gaillards n'hésitait pas à fusiller les tire-au-flanc, Léonce s'enfuit de nouveau, reprend sa marche et au culot, franchit la ligne de démarcation au barrage de Montpon avec un vélo volé prétextant rendre visite à sa grand-mère malade de l'autre côté du pont.

Lignededemarcation
 
Il retournait en zone occupée pour rejoindre sa famille restée à Consac, en Charente-Maritime si proche maintenant.

Les derniers kilomètres ont dû lui paraître bien longs!
Il passe Montendre, Mirambeau et enfin arrive à Consac et.... STOP!
Décidément les boches sont partout !
Il doit se cacher précipitamment en apercevant briller la lampe électrique de deux gendarmes allemands à vélo puis rejoint la maison d'un copain qui n'en croit pas ses yeux en lui ouvrant la porte:   « Mais d'où arrives-tu comme çà Léonce, en pleine nuit? »


Le lendemain, il rejoignait enfin discrètement son foyer à la surprise générale et au plus grand bonheur de tous.
Le forçat de la route pouvait enfin se reposer.


Mais déjà se posait pour lui le problème de sa présence en zone occupée, lui le prisonnier évadé sans doute déjà fiché par la Gestapo pour ses idées politiques.

 

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