Sa jeunesse

Maison natale

la maison natale

 

Saint Dizant du Gua, village de la Grande Motte.

Nous sommes au sud de la Charente-Maritime, en Haute Saintonge, à trois kilomètres de l'estuaire de la Gironde.
Il est 11 heures du matin.
Sur le calendrier accroché au-dessus de la cheminée est cochée la date du 19 mars 1913.

Un cri d'enfant !

Lucile PIGNON, 30 ans, vient de donner la vie à un garçon.
Son père Amédée PICQ, 34 ans, ira déclarer la naissance le jour même à la mairie à cinq heures du soir à Monsieur le Maire Marie Louis Ferdinand CHASSOT, accompagné des deux instituteurs de la commune René et André POUPELAIN.

Il est dit qu'il s'appellera Léonce PICQ.
Léonce est le quatrième enfant de la famille ; en effet trois sœurs sont nées avant lui (Suzanne en 1902, Eva en 1907, Micheline en 1910), une quatrième sœur, Christiane, naîtra en 1920 dans la même petite maison, bien modeste, dans ce village de la Grande Motte.

 

Amedee picq et lucile pignon

Lucile et Amédée PICQ

 

Lucile et Amédée forment un couple qui vit une vie difficile, faite de labeur et de fatigue ; les billets de banque ne doivent pas gonfler leurs poches ou se cacher sous les draps dans les armoires. En effet, il ne doit pas être facile d'élever cinq enfants au début du XXème siècle quand le père est maçon tailleur de pierre et qu'il doit souvent s'absenter du foyer pendant plusieurs jours pour aller entretenir et réparer les moulins de la région du sud de la Saintonge. Son épouse, pour aider aux finances de la maison, garde des enfants qui lui sont confiés par la mairie de la commune comme l'atteste un carnet délivré le 24 juillet 1914 (il est précisé qu'elle est "connue de nous, de bonne vie et mœurs" et qu'elle sera "nourrice au biberon").

Léonce naît dans une période troublée sur le plan national et international.
Le pays est alors dirigé par le Président Raymond Poincaré, et déjà grondent les prémices d'un terrible conflit militaire qu'on appellera plus tard la Première Guerre Mondiale.


Mais Léonce est bien loin de tout cela, lui qui vient à peine d'ouvrir les yeux à la vie.
Sa vie d'enfant sera faite de découvertes dans la nature qui s'offre à lui dans toute son immensité avec la campagne et ses champs de vigne, la rivière du Taillon où il apprend à pêcher les vairons et les anguilles et surtout l'immense marais qui borde l'estuaire de la Gironde qui est proche de son domicile. Le Marais sera pour lui un véritable espace de liberté où il passera des heures, des jours et des nuits, seul ou avec ses amis de pêche et de chasse à la tonne. Toute sa vie durant, il ressentira l’appel du Marais, au point de paraître un peu "sauvage" aux yeux de ses proches.

Il fréquente l'école communale de St Dizant du Gua des instituteurs POUPELAIN et GUYONNET.


 

St dizant 1913

Saint Dizant du Gua en 1913

 

Avant ses années de "communale", la France aura connu l'invasion par l'Allemagne le 25 août 1914, la bataille de Verdun en 1916, la bataille du Chemin de Dames en mai 1917 puis l'Armistice le 11 novembre 1918 à Rethondes.
Quelques années plus tard, il verra s'ériger dans toutes les communes environnantes ces curieux monuments ornés d'obus qu'on appellera les Monuments aux Morts. Il lira plus tard que certains membres de sa famille figurent parmi les "Morts pour la France".


La scolarité n'étant pas une priorité absolue à cette époque (la recherche du travail, plus qu'une nécessité) il accompagne son père qui avait appris son métier en faisant le Tour de France.
Avec un tel maître, marcheur et tailleur, il allait lui aussi acquérir une solide réputation de tailleur de pierre de Haute Saintonge.
Il allait également se construire un "très solide" réputation de bon mangeur et bon buveur pour alimenter "sa grosse carcasse"!

Car il était costaud, le bougre : Quand il se marie, à 18 ans, il pesait 118 kg du haut de son mètre 80 ; il fallait bien cela pour soulever les pierres de taille, et pour jouer au rugby à l'armée au C.A. Béglais ! Il lui fallait toujours des "calories à brûler" quand il se mit à pratiquer la marche à pied sur longues distances avec de grands marcheurs régionaux comme Samuel Martin, Auffret, Trémaudan, Ouvrard... et autres, las de recevoir quelques coups pas très fair-play dans les mêlées.
Les médecins du sport d'aujourd'hui tomberaient à la renverse s'ils connaissaient son régime alimentaire de l'époque (repas pantagruéliques, vin rouge et vin blanc, "goutte") pour faire carburer la machine. Une vraie santé, je vous dis!

Le 27 juin 1931, il épouse Madeleine Yvonne Léa GIRAUD à Consac (Charente-Maritime). Il a alors 18 ans et toute la vigueur de son âge.
Il travaillera avec son père pendant plusieurs années et vivra également sous le toit de cette maison que ses parents avaient achetée le 19 mars 1922 à M. Lalande, forgeron à Mirambeau, par-devant Maître Soliniac, notaire à St Thomas de Conac.

Cette maison abritera la naissance de sa première fille, Ginette, le 12 juillet 1932 ( devant la maison familiale en 2001).

7 mois plus tard, le 31 janvier 1933, Adolf HITLER est nommé Chancelier en Allemagne. Cet évènement politique bouleversera bientôt sa vie et celle de plusieurs millions d'hommes. Il ne le sait pas encore.

Le 16 avril 1934, il est affecté au 57ème Régiment d'Infanterie. Nommé soldat de 1ère classe en décembre 1934, il sera maintenu sous les drapeaux jusqu'en juillet 1935. Il reviendra à St Dizant du Gua muni de "l'incontournable" certificat de bonne conduite. 

Quelques années plus tard, il achète une maison à La Fragnée sur la commune de Consac. Cette nouvelle demeure verra s'agrandir sa famille.
En effet, le 30 avril 1936, naît sa seconde fille Lucette.


 

Leonce et madeleine picq 2

Madeleine et Léonce PICQ devant leur maison à Consac


 

  

Cette année-là voit apparaître des évènements politiques capitaux pour les années à venir.
En Espagne, la guerre civile éclate ; en France le Front Populaire accède au pouvoir, Hitler envahit la Rhénanie.

Les années qui suivent voient les évènements se précipiter:
- Mars 1938 ... c'est l'invasion de l'Autriche, l'Anschluss
- 30 septembre 1938 ... les accords de Munich
- 1er septembre 1939 ... Hitler envahit la Pologne

Ce même jour, il est rappelé à l'activité et est affecté au 49ème Régiment d'infanterie

03 septembre 1939 : L'Angleterre puis la France déclarent la guerre à l'Allemagne.

 

Léonce PICQ qui a alors 26 ans va alors, comme beaucoup d'autres Français, connaître la folie meurtrière des Hommes.

 

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